Tout a commencé dans un gîte au pied des vignes,
Tout a commencé dans un gîte au pied des vignes, dans un gîte avec des ânes, dans un gîte réservé pour une semaine, où je n'ai pu rester qu'une journée. Des urgences, un stage annulé, du repos chez mes parents à trois heures de routes. Une semaine sous le signe de la déception. Puis il y a eu le moment où l'amoureux est arrivé, avec les neveux adorés et la belle-soeur bien-aimée. En route pour la maison magique ! La maison à double face, cette maison que les gens du bourg pensent hantée, et ils ont bien raison. Des générations sont venues la hanter de souvenirs heureux. Et puis il y a eu la mer, tous les jours, la plage, des forteresses érigées, tous les jours plus hautes, tous les jours plus fortes, tous les jours réduites à néant par les marées. Et tous les jours on a recommencé. Et puis il y a eu du chocolat, partout dans le jardin, le marché, la pêche aux crevettes, les parties de cache-cache, les parties de foot, un tonton et son neveu plus complices que jamais, la peinture le dernier soir jusque tard, et un petit bout d'chou de quatre ans qui à 22 heures proclame "il est drôlement tard, il faut que j'aille me coucher parce que je suis fatigué". C'était le dernier soir, il fallait en profiter. Et puis il a fallu partir, quitter la maison magique, ne laisser que nos souvenirs heureux d'une belle semaine en famille hanter la maison jusqu'aux prochaines vacances.
Et puis il y a eu de la colère aussi, contre les voisins. La maison magique sans vis-à-vis, avec des arbres centenaires. Quand l'entreprise est venue élaguer des arbres menaçants, les voisins qui ont une maison neuve derrière ont demandé à l'entreprise d'élaguer le vieux pin, cet arbre magnifique, qui leur cachait la maison. De quel droit ? L'arbre dans lequel on pouvait grimper, construire des cabanes est tout nu, et en prime on a le droit de voir tout ce qui se passe chez les voisins, qui ont eu le culot de nous dire "votre maison a pris du cachet maintenant!"